Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monsieur, je receus dernièrement une de voz lettres encloze dans le pacquet
2du seigneur Ludovicq, où vous masseuriés que les inhibitions que
3vous aviez faictes aux consulz de La Tour du Pin pour ne lever rien sur leurs
4aides pour le peu de despence que javois faicte durant la levée de
5mes compaignies nestoit point à la poursuitte du procureur du païs, ny desdites
6aides, mais que cestoit pour conserver votre auctorité ; à quoy,
7monsieur, je nay jamais entreprins ny pencé à aysaier à la diminuer ;
8et comme jay sceu toute ma vie obeyr à ceulx de qui j’ay esté
9commandé et par mesme moyen esté respecté d’eux, je vous vouldroys
10et ay desiré et désire vous obeyr daucy bon cueur et meilheur que
11je ne fistz jamais à eulx ; et me sembloit que, quant j’eusse
12faict quelque faulte comme tous hommes sont subiectz, ne procedant
13point de malin ny de mespris de votre auctorité, que vous me leussiés
14remonstré particulièrement sans en faire une demonstration publicque ;
15car en cela ce que je puis avoir failhy, c’est de navoir point prins
16votre commission, laquelle jestimoys que pour le peu en quoy ma despence
17ce montoyt, vous ne le treuveriés point maulvais ; bien que jeusse une
18maison près de La Tour du Pin, lon scait bien que je ny ay trouvé
19que les quatre murailhes et vous acordés bien ce que mavez
20escript quil eust esté bien louable de faire ses fraictz à mes despens,
21mais aussi il fauldroit que ceulx qui ont travailhé et travailhent
22pour le pays en feissent de mesmes de vous escripre particulierement,
23ce que jay faict à la court pour vous affaires. Il seroyt tropt
24long. Bien vous asseurerai-ge que je n’y ay rien obmis de ce que
25jay peu et sceu, tellement que les effectz sen sont veux, car la
26compaignie de monsieur de Barbezieu et aultres plus vielhes que la
27votre sont demeurées cassées, quelques faveurs et poursuittes
28quil aient faictes ; non pas que je vuilhe dire que la consideration
29du service du roy et des longs et bons que vous luy avez faictz
30[v°] nayent plus servy que ma sollicitation, mais le tout ensemble, lung
31na point nuy à laultre, et ce que je vous en escrips nest point pour
32en esperer ung remerciement, comme vous mescripviés par votre
33lettre après avoir sceu ce que javoys faict pour vous, car je confesse
34que je nay rien faict que ce que je vous debvoys, vous estant
35beaucop plus obligé que de ce que jay faict pour tous les bons
36tesmoignages que vous avez ousjours rendu de moy, qui estoit
37toute chose digne de vous et dont le roy, en ayant cogneu la
38verité, la grandement loué et approuvé. Et laissant tous ses
39discours, je vous puis asseurer, monsieur, que soyt pour le service
40du roy ou pour le votre particulier, que vous navez parent, amy, ny
41serviteur, ny homme au gouvernement que vous commandés
42qui de meilheur cueur vous fasse service que je feray, et de la
43mesme volunté que je me recommanderay bien humblement à votre
44bonne grace, priant Dieu,
45Monsieur, vous donner en parfaicte santé longue et heureuse vie.
46De Carmagnolle, ce XXVIIIe septembre 1572.
47Votre hunble allié et
48afesionné serviteur
49des Adrés